La ville et chasteau de Jarnac en 1600

La ville et chasteau de Jarnac en 1600

vendredi 23 novembre 2007

Charles Rosalie de Rohan Chabot, vicomte de Chabot, puis comte de Jarnac



Marie-Charles-Rosalie, vicomte de Chabot puis comte de Jarnac de 1758 à 1790, chevalier, marquis de Soubran, seigneur de Clion,  Maroite, Brassac, co seigneur des châtellenies de Montagrier et du Chapdeuil. 
Louis Auguste, vicomte de Chabot, n’ayant pas eu d’enfants, et en vertu des termes de la substitution de 1751, le comté de Jarnac passe en 1758, au troisième fils du comte Guy Auguste de Rohan-Chabot (1683-✝1760), comte de Maillé-Seizploue, dit « le Chevalier de Rohan » (célèbre pour son altercation de 1726 avec Voltaire), puis dit « comte de Chabot », et d'Yvonne Sylvie du Breil de Rays (1712-✝1740), selon la volonté de sa tante Henriette Charlotte Chabot, comtesse de Jarnac.

Charles Rosalie de Rohan-Chabot naît, le 9 juillet 1740, place Royale à Paris, dans la maison de famille des Rohan Chabot, dont son père héritera en 1744, et où il passera sa jeunesse jusqu’en 1758.

Sa mère est morte des suites de couches quelques jours après sa naissance, le 15 juillet.
Il est élevé par sa grand-mère la duchesse de Rohan jusqu’à la mort de celle-ci en 1743, puis par la seconde femme de son père, épousée le 25 mai 1744, Lady Mary Apollonia Scholastixa Howard-Stafford (
1770), fille de Guillaume Howard, lord comte de Stafford, pair d'Angleterre, et d’Anne Holmann.

  Charles Rosalie descend d’un fils cadet de Léonor Chabot, baron de Jarnac, et est arrière-petit-fils d’Henri Chabot, 2ème duc de Rohan, pair de France.


En 1753, à la mort de Louis Auguste de Rohan Chabot, et en vertu des termes de la substitution de 1751, il hérite de la terre et châtellenie et sera le dernier comte à habiter et posséder Jarnac.

Son père le fera recevoir, en 1754, à 14 ans, dans les mousquetaires noirs de la Garde du Roi, où il restera jusqu’en 1758, année où il est envoyé comme capitaine dans le régiment Royal Étranger Cavalerie, commandé par son frère aîné le comte de Chabot, depuis duc de Rohan.

Il épouse le 17 décembre 1759, Guyonne Hyacinthe de Pons, fille de Charles Philippe de Pons, comte de Saint-Maurice, marquis de Saussignac, et de Charlotte Lallemant de Betz.
Guyonne meurt en couches à l'âge de 17 ans d’une fille, Adélaïde Louise Guyonne Chabot de Jarnac, née le 18 janvier 1761, appelée Mademoiselle de Jarnac.*

Charles Rosalie obtient en 1762 le régiment de dragons de son nom, le régiment de Jarnac-Dragons, dont il est colonel.
À partir de 1764, il vient régulièrement visiter sa terre et châtellenie de Jarnac.
Il est brigadier de dragons le 1er mars 1780, et maréchal de camp le 5 décembre 1781, puis commandant en troisième du pays d’Aunis et des provinces de Saintonge et d’Angoumois, inspecteur et commandant de la 15e division de cavalerie de l’armée, mais ne quitte plus Jarnac.
Veuf depuis 15 ans, il se remarie le 27 décembre 1776 en Irlande, puis dans la chapelle du château de Jarnac, le 3 février 1777 avec Élizabeth Smith, alors âgée de 18 ans, toujours restée protestante, fille du seigneur Jacques Smith, esquire, membre du parlement d’Irlande, et de Marie Agar.
Ils auront:
1) Louis Charles Guillaume, né à Paris le 7 octobre 1780, (voir plus bas)
2) Caroline Sylvie Élizabeth, née à Paris le 4 septembre 1790, morte le 10 avril 1792.

En 1770, il fait ériger sur la route de Bassac à Triac, un monument commémoratif de 
la Bataille de Jarnac de 1569, mettant en valeur la bravoure du prince huguenot Louis Ier de Bourbon, prince de Condé.

De 1772 à 1780, le comte fait réaliser de grands travaux d’embellissement du château, sous la houlette de l’architecte François-Nicolas Pineau, ancien de Jarnac-Dragons et nommé architecte du comte d’Artois (futur roi Charles X).
A cette époque, sa terre de Jarnac est considérable; elle est composée « 
de 15 paroisses et 2 enclaves qui contiennent ensemble 115 villages, 45 vassaux notables et 11 000 habitants. La justice est exercée par un juge, 12 procureurs d’office et un greffier. » (Recueil d’observations de Munier).

C'est un seigneur d’esprit libéral, notamment avec les protestants, dont sa jeune épouse sera la marraine de nombreux enfants, avant même l’Édit de Tolérance de 1787.

En 1789, il vient d'être nommé inspecteur de la 15° division de Cavalerie des Provinces de Poitou, Angoumois, Aunis et Saintonge et à ce titre dispose des troupes pour le maintien de l'ordre pendant la période de disette des 6 premiers mois de 1789.
Il est prévu cette même année dans la promotion des lieutenants généraux, qui ne sera pas déclarée à cause de la Révolution.
Il participe activement à la mise en œuvre des élections pour les états généraux d'Angoumois, assiste au début de l'assemblée de la noblesse d'Angoumois. Mais déçu de ne pas voir ses idées avancées prises en compte dans le cahier de la noblesse d'Angoumois, et conscient que le temps de sa suzeraineté vient de finir, il se retire de l'assemblée avant même l'élection des députés pour les États Généraux.**

Le comte et la comtesse de Jarnac sont des personnes accessibles, aimées et respectées de leurs sujets, et il est contradictoire de les voir personnifier un jour à leurs yeux, toute la puissance féodale, brutale et orgueilleuse.
Aux moments de la Révolution, commencée par la prise de la Bastille, succède le temps des assemblées municipales élues qui auront une grande indépendance jusqu’en 1793, et la création des milices bourgeoises.
En très peu de temps, entre le 14 et fin juillet 1789, le pouvoir à Jarnac, est passé des mains du comte à celles du peuple.
En septembre 1790, sentant qu’il n’est plus rien dans le domaine de ses ancêtres, il décide de partir.
Après avoir offert un banquet d’adieu, sur la place des Halles, aux jarnacais qui lui sont restés attachés, il quitte la France, avec l’autorisation du roi Louis XVI, et gagne l’Irlande, mais il ne prendra jamais les armes contre la France !

La comtesse, Élizabeth Smith, « femme Jarnac », se réfugie pendant la Révolution à Paris où elle vit plutôt modestement à l’aide de la pension alimentaire de 12 000 francs par an (en fait 3 000 francs en argent seulement, le reste en bons), accordée par le département de la Charente, cette pension lui étant versée de manière très irrégulière.
Elle essaie de sauver leurs biens charentais, tâche dans laquelle elle échouera***.
Dès que l’émigration du comte est constatée officiellement, et bien que l’Irlande soit considérée comme pays ami, le domaine de Jarnac et son château sont confisqués comme bien national.
Après l'Irlande, le comte vivra en exil à Londres (Trickenham selon l'orthographe de l'époque, mais vraisemblablement Twickenham), jusqu’à sa mort en août 1813.

Leur fils Louis Charles Guillaume de Rohan Chabot, vicomte de Chabot, puis comte de Jarnac
, rejoint son père en Irlande en exil dès 1791. Vers 1793, il est admis dans la "king's horse guard" de l'armée britannique. En 1807 et 1808 il fait un service militaire au Canada. En 1811 et 1812, il sert dans les campagnes en Espagne et au Portugal contre Napoléon Ier en tant que colonel du 9ème Dragons, sous les ordres de Wellington; il terminera Major Général . Courant 1812, il est obligé de rentrer à Dublin pour raisons médicales. En 1814, il rentre à Paris à la Restauration avec le roi Louis XVIII, et est nommé Brigadier Général, maréchal de camp, dans l'armée des princes. Jusqu'en 1830, il sera grand écuyer du duc d'Orléans, puis, après l'insurrection parisienne du 27 juillet 1830 qui provoque l'abdication de Louis XVIII, et permet l'instauration d'un régime monarchique constitutionnel appelé Monarchie de Juillet, dont le souverain est le duc d'Orléans, devenu roi sous le nom de Louis-Philippe.
Il a épousé en 1809, Lady Isabella FitzGerald, fille de William deuxième duc de Leinster et d'Émilia Usher. Isabella sera première dame d’honneur de la reine Marie Amélie de Bourbon-Siciles, épouse du futur Louis-Philippe.****
Ils auront trois enfants:
1) Olivia Anna Rosalie (1813-✝1899), qui épousera en 1846 Adrien Jules, marquis de Lasteyrie du Saillant, député puis sénateur, et petit-fils du général Lafayette,
2) Philippe Ferdinand Auguste, né en Irlande le 2 juin 1815 (voir plus bas),
3) Élisabeth, morte jeune.

Sa mère Élizabeth Smith vivra entre lui et ses petits-enfants, à Paris, jusqu’à sa mort en 1845.
Louis Charles Guillaume de Rohan-Chabot décède à Paris le 10 juillet 1875. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (28ème division-1ère ligne), aux côtés de sa mère Élizabeth Smith
, comtesse de Jarnac, et de son gendre Adrien Jules de Lasteyrie du Saillant (1810-✝1885).

Son fils
Philippe Ferdinand Auguste de Rohan Chabot, vicomte de Chabot, comte de Jarnac, épouse le 10 décembre 1844, sa cousine Lady Geraldine Foley, fille et sœur des troisième et quatrième Lord Foley, nièce de William FitzGerald, deuxième duc de Leinster.                                                          Ils n’auront pas d’enfants.
En 1834, il entre au Ministère français des Affaires Étrangères. En 1837 il est secrétaire du duc de Broglie, qui négocie le mariage de Ferdinand Philippe, duc d'Orléans, fils de Louis-Philippe, avec la princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin.
De 1837 à 1839 il est second secrétaire à l'ambassade de France à Londres. En 1840, tout juste âgé de 25 ans, il accompagne en tant que Commissaire du Roi, le prince de Joinville, fils de Louis-Philippe, capitaine de vaisseau commandant la frégate La Belle-Poule, à Sainte-Hélène, pour aller chercher les "cendres" de Napoléon Ier. Louis-Philippe ne voulant pas que son fils soit obligé de descendre en terre anglaise, lui a donné pour mission d’assister à l’exhumation et de signer au nom du roi le procès-verbal de remise du corps de l'empereur à la France. Puis il est successivement consul général en Égypte en 1841-1842, puis secrétaire d’ambassade à Londres en 1844.****
Il se fait un nom dans les lettres et la diplomatie. Ses travaux littéraires en français ont été publiés dans la « Revue des Deux Mondes » et le « Correspondant ». Il compose aussi des pièces de théâtre et des romans en anglais.
Nommé en 1874 ambassadeur de la République française en Grande-Bretagne, il meurt le 22 mars 1875 (la même année que son père Louis Charles Guillaume) au
château de La Grange-Bléneau. (commune de Courpalay en Seine-et-Marne, château dans lequel le général marquis de Lafayette a vécu depuis 1799 jusqu'à sa mort le 20 mai 1834).****

Philippe Ferdinand Auguste de Rohan Chabot est le dernier de la descendance mâle de cette branche des comtes de Jarnac.

 
Le 14 mai 1819, le maire de Jarnac de l’époque, Gabriel Garreau, fait constater à son conseil municipal que le château est fini d’être rasé, et que l’espace libéré va pouvoir devenir une place publique, la place du Pont, actuelle place du Château.

* et *** Elle est mariée le 12 mai 1778 à Boniface Louis André de Castellane, comte de Castellane-Novejan (1837)*, colonel de cavalerie, maréchal de camp en 1791, arrêté sous la Terreur, préfet des Basses-Pyrénées en 1802 grâce à son ami le prince de Talleyrand-Périgord, fidèle à Napoléon Ier jusqu’en 1814, député dudit département en 1815, pair de France sous Louis XVIII, il vote la mort du maréchal Ney. Il est nommé lieutenant général en 1816 et commande la garde nationale de Toulouse.
Tandis que Charles-Rosalie et son fils sont émigrés à Londres, et sa femme
Élizabeth Smith réfugiée à Paris pour essayer de sauver ce qu’il est encore possible de faire du domaine de Jarnac, la fille du comte, Mademoiselle de Jarnac, comtesse de Castellane, s’affaire pour récupérer « les biens non vendus » de la terre de son père.
Elle vient à Jarnac en 1805, trouve le château ruiné et en cours de démolition, ses terres divisées et aliénées en partie.
Après sa mort survenue, le 22 janvier 1805 à Pau, son fils Esprit Victor Élisabeth Boniface de Castellane poursuit le même but. En 1823, en tant que représentant de la famille de Jarnac, il se fait remettre par M. Thevet, maire d’Angoulême, …« quatre volumes in-folio contenant les lettres de plusieurs de nos Rois, Reines, Princes et Princesses à Guy Chabot »…
(Émile Biais, BSAH Charente, 1883).

**
Jarnac en 1789, de Alain Braastad, mai 1989, imprimerie J. Ébrard à L'Isle d'Espagnac 16340.

**** Papers Marquis de Lafayette, Manuscript Division, Library of Congress, Washington D.C., Biographical Notes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,merci de toute ces précisions historiques utiles.Possédez-vous ? Dans vos archives de manuscrits ou documents concernant, le comte d'Allera? Présent aux côtés des Rohan -Chabot à La Chapelle française à LONDRES King Street Portmann Square Avec Billy, Delprat ,Dillon de la Grandière de la Chevrière? Flock !!!merci infiniment j.allera@aliceadsl.fr

carlyQld a dit…

Mon arriere grand-pere a emigre de l'Irelande au milieu du dix-neuvieme siecle a l'age de vingt-et-un ans avec sa femme. Il venait de Golden pres de Cashel. Il travaillait pour un compte de Jarnac (avec ses chevaux dans l'etable du Compte de Jarnac). J'ai la reference ecrite par ce monsieur pour mon arriere grand-pere. J'ai visite l'endroit en Irelande ou j'ai trouve un chateau en ruines portant le fleur de lys. Mon arriere grand-pere est alle a Melbourne en Australie ou il a etabli des taxis avec chevaux. C'etait a partir de 1850 a peu pres.catherinebutler7@gmail.com