La ville et chasteau de Jarnac en 1600

La ville et chasteau de Jarnac en 1600

vendredi 23 novembre 2007

Léonor Chabot


Léonor Chabot de Saint-Gelais, chevalier seigneur de Saint-Gelais, de Saint-Aulaye, Montlieu et de Cosnac, quatrième baron de Jarnac de 1584 à 1605.

Né en 1541, il est le fils aîné de Guy Ier Chabot de Saint-Gelais et fils unique de sa première épouse, Louise de Pisseleu ( avant 1563), fille de Guillaume de Pisseleu seigneur de Heilly, et de Madeleine de Laval de La Fraigne.

Il épouse, en 1558, en premières noces, Marguerite de Durfort-Duras ( début 1571), veuve de Philippe de Belleville, comte de Cosnac, et première fille de Symphorien seigneur de Duras, et de Barbe Cauchon de Maupas, laquelle étant devenue veuve, épouse en secondes noces Guy Ier Chabot, père de Léonor ; de sorte qu’elle est 2 fois la belle-mère de celui-ci, étant à la fois mère de sa femme et femme de son père.
Ils ont :
1) Guy II Chabot, baron puis comte de Jarnac, qui suit,
2) Jean Chabot, chevalier seigneur de Saint-Aulaye, mort avant 1618 sans postérité de sa femme, Charlotte de Clermont-Gallerande, fille de Georges II de Clermont marquis de Gallerande, et de Marie Clutin de Villeparisis,
3) Charles Chabot (1562-1626), seigneur de Saint-Aulaye, après son frère Jean, épouse en 1604, Henriette de Lur-Saluces, fille de Michel, seigneur de Longa, Barrière, Mussidan, etc... et de Marie Raguier d'Esternay. Il est l’auteur de la branche de Saint-Aulaye, devenue branche des ducs de Rohan,
     3-1) Charles Chabot, seigneur de Saint-Aulaye, né en 1615, tué en 1646 au siège de Lérida (Catalogne),
     3-2) Henri Chabot: voir ci-dessous
 De cette branche des seigneurs de Saint-Aulaye descendent les ducs de Rohan-Chabot, par leur fils Henri Chabot, chevalier seigneur de Saint-Aulaye et de Montlieu, né vers 1616. Henri, en tant que second fils est tout d'abord destiné à l'église; mais, cavalier émérite, il a l'heur de plaire à Marguerite, duchesse de Rohan et de Frontenay, princesse de Léon et de Soubise, comtesse de Porhoët, née en 1617. Ils feront, contre l'avis de la mère de Marguerite, un mariage d'inclination.**
Henri*, peu de temps après son mariage le 6 juin 1645, en la ville de Sully, avec Marguerite, fille unique et héritière d’Henri II, 1er duc de Rohan et de Marguerite de Béthune-Sully, est fait, le 19 septembre 1646, 2ème duc de Rohan par Louis XIV, qui lui montre ainsi la grande estime qu’il a pour cette famille.
En lui accordant ce titre, le roi rappellera que « tous les roys de France et toutes les branches royales descendent immédiatement d’une fille de Thibaut II Chabot, qui fut Eustache (décédée en 1229), dame Vouvant, femme de Geoffroy de Lusignan (auteur de la branche des Lusignan de Vouvant du fait de son épouse), comte de Jaffa et d'Ascalon en Palestine… »
Henri de Chabot, deuxième duc de Rohan, prince de Frontenay et de Léon, comte de Porhoët, marquis de Blain, sera pair de France, premier baron et président-né de la Noblesse aux Etats de Bretagne, gouverneur d'Anjou. Il décède le 27 février 1655 au château de Chanteloup (près de Chartres), inhumé à la chapelle d'Orléans des Célestins de Paris le 6 mars, où il a demandé d'être inhumé auprès de l'amiral Philippe Chabot de Brion, son proche parent.

*Dans la Chronique protestante de l'Angoumois, de Victor Bujeaud (1860), on trouve la phrase suivante: ..."Henri Chabot, riche en belles qualités du corps et de l'esprit, mais au surplus un des plus pauvres gentilshommes de sa qualité qu'il y eût en France... Henri releva sa fortune en épousant Marguerite, fille du duc de Rohan; il abjura... mais la duchesse de Rohan-Chabot persista dans le calvinisme."

**Madame de Rohan, fille du duc de Sully, pour se venger de sa fille Marguerite, fait savoir que ladite fille sait fort bien qu'elle a un frère qu'on a toujours tenu caché afin de la donner comme épouse à Louis de Bourbon, comte de Soissons, comme fille unique et héritière de la maison de Rohan; et de fait, elle fait venir de Hollande en France, ce fils âgé de 15 ans et prénommé Tancrède, (né secrètement à Paris le 18 septembre 1630 pour éviter que Richelieu ne s'en saisisse pour le faire élever dans la religion catholique), et que l'on a baptisé sous le nom de Le Bon. De là s'ensuit un long procès entre la mère et la fille, non encore jugé lorsque Tancrède est blessé mortellement au cours d'une bataille de la "guerre de Paris", près du château de Vincennes, et meurt des suites de ses blessures le lendemain 1er février 1649. 
(extraits de: Histoire de Tancrède de Rohan, avec quelques autres pièces concernant l'histoire de France et l'histoire romaine, P. Griffet, Liège, J.F. Bassompierre, 1767, in-12, et Historiette des mesdames de Rohan; de Tallemant des Réaux)

4) François Chabot, chevalier de Malte, puis religieux,
5) Hélène,
6) Françoise,
7) Catherine, toutes trois religieuses.

Puis, après le décès de sa première épouse il se remarie, dès le 11 mars 1571, à Marie de Rochechouart (avant 17 mars 1614), fille et héritière de Charles, baron de Saint-Amand et de Françoise de Maricourt; ils laissent:
1) Eléonore Chabot, dame de Saint-Gelais et devenue comtesse de Cosnac à la mort de sa mère en 1614, mariée en 1606 à Louis de Vivonne (1612), seigneur de la Châtaigneraie, petit-neveu de celui que son grand-père avait tué en duel, scellant ainsi la réconciliation des deux familles, et en second lieu à Jacques II d'Harcourt (1622, tué au siège de Montpellier), marquis de Beuvron, comte de Cosnac, baron de Sigournay et de Puybéliard, seigneur de Fresnay,
2) Claude Chabot, mariée à Alophe Rouault, chevalier baron de Thiembaux et seigneur de Sérifontaine. Sa part dans la succession des biens de sa mère est la terre et la seigneurie de Burie.
3) Marie Chabot, alliée en 1613 à Urbain Gillier, seigneur de Puygarreau, baron de Marmande, puis à François de Vernou, seigneur de La Rivière-Bonneuil. Sa part d’héritage de sa mère sera les seigneuries de Sigournay, de Puy-Belliard et de Chantonnay, terres limitrophes, dans la mouvance de la vicomté de Thouars.
Léonor Chabot est en 1560, 1561 et 1564, lieutenant de la compagnie de Guy, son père, et capitaine de 30 hommes d’armes. Il est aussi en 1564, gentilhomme servant de la maison du roi ; il est qualifié ensuite du titre de gentilhomme de la chambre.
Dès 1561, le baron de Jarnac adhère publiquement au protestantisme devant une assemblée de 3.000 personnes.
Il favorise personnellement l’édification du premier temple de Jarnac.
A cette époque la majeure partie de la population jarnacaise adhère à l’église réformée.
Jeanne d’Albret, reine de Navarre, viendra elle-même prêcher à Jarnac avec son fils, futur Henri IV.

Par contre, le calme public observé quelques années plus tôt, n’est plus de mise. Les protestants, exaspérés par les massacres de Wassy et de Sens, pillent la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême, incendient l’église Saint-Pierre de Jarnac, entre autres.
La paix d’Amboise met fin à cette première guerre de religions, mais ça ne sera qu’une trêve. Catherine de Médicis et son fils Charles IX parcourent la France pour rallier les catholiques; ils viendront passer 2 jours à Jarnac en août 1565.
En 1568, Catherine de Médicis cherche à faire enlever les deux chefs calvinistes, Louis de Bourbon prince de Condé et l’amiral Gaspard de Coligny qui se réfugient à La Rochelle.
Le 27 février 1569, les catholiques occupent Jarnac et son château sans avoir à combattre; le 3 mars, il en sont délogés par les protestants. Le 12 mars, Condé vient à Jarnac pour protéger ses arrières dans le déplacement prévu de ses troupes vers Saint-Jean-d’Angély et le nord de la Saintonge. Dans la nuit du 12 au 13, les catholiques ayant franchi la Charente à Châteauneuf, le choc entre les troupes ennemies a lieu; c’est la bataille de Jarnac, au cours de laquelle Condé, blessé et protégé par deux de ses anciens amis catholiques est assassiné par derrière par Montesquiou.
Son corps est alors exposé sur une table de marbre rouge (dont une partie est visible de nos jours à la mairie de Jarnac).
Cette victoire des catholiques à Jarnac aura un retentissement considérable, les protestants étant consternés par la mort de Condé.
Charles IX fait chanter un Te Deum à la cathédrale de Metz où il se trouve alors, et le pape fait placer dans une chapelle de Saint-Pierre de Rome vingt-six des drapeaux pris aux huguenots à Jarnac; le roi d’Espagne ordonne des fêtes pour célébrer cette grande victoire.

Léonor Chabot, dont on ne sait quelle part il a pu prendre dans cette bataille, est un des chefs incontestés des protestants en Angoumois, Saintonge et pays d’Aunis.
En 1570, il prête serment, avec Henri de Navarre, Henri Ier de Bourbon-Condé, l’amiral Coligny et plusieurs autres chefs huguenots, de garder fidèlement les quatre places de La Rochelle, Montauban, Cognac et La Charité (les dites places seront perdues aux protestants après le siège de La Rochelle en 1628, et l’Edit de Grâce d’Alais de 1629).


Le 9 juillet 1585, paraît l'Édit de Nemours, qui abolit dans toute la France l'exercice de toute autre religion que catholique, et enjoint à tous les pasteurs de religion protestante de quitter le royaume dans un délai de 1 mois. En septembre, Léonor Chabot, dit "le maréchal de camp Saint-Gelais", ainsi que bien d'autres seigneurs protestants, accourent en Saintonge avec toutes leurs troupes se ranger sous la bannière de Henri Ier de Bourbon-Condé. Ils occupent, arment et fortifient la plupart des places-fortes de la province, puis vont défaire une partie de l'armée catholique sous les murs de Fontenay.
En octobre 1586, il reçoit pendant plusieurs jours Henri de Navarre dans son château de Jarnac, au moment de l’entrevue du futur Henri IV avec Catherine de Médicis au château de Saint-Brice.
Fin octobre 1592, Léonor reçoit dans son château de Jarnac Marguerite, régente de Navarre, en voyage pour rejoindre son frère, le roi Henri IV, à Saumur
Lorsque Henri IV promulguera l’Edit de Nantes en 1598, il sera délégué par ses coreligionnaires pour avoir des éclaircissements sur cet Edit.

Il rachète le 31 juillet 1593 au cardinal de Joyeuse, pour la somme de 9 200 écus, le quint de Jarnac; le domaine de Jarnac se retrouve alors réunifié.

En 1601, le lieutenant général du présidial d’Angoulême fait rétablir le culte catholique dans l’église Saint-Pierre de Jarnac; l’église paroissiale est réparée.
Sous l’égide de l’Edit de Nantes, les deux religions semblent pouvoir cohabiter en toute sérénité.

Léonor Chabot servira le roi Henri IV.

Son blason est trois chabots avec une étoile en chef, et une couronne de baron sur l’écu.
Il meurt en 1605.

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